Les affres de la salle d' attente

Ah ça ! Pour être une salle d'attente, c'en est une ! J'ai d'énormes attentes d'une salle d'attente. Et beaucoup d'appréhensions aussi quand j'en rencontre une nouvelle. Va-t-elle m'accepter comme je suis ?
Sera-t-elle au rez-de-chaussée ? S'il y a des étages à gravir, y aura-t-il un palier discret auprès duquel reprendre mon souffle ?
Aura-t-elle des sièges adaptés à ma corpulence ? Quand l'assise est assez large, c'est alors la fragilité des pieds que je redoute.
Y aura-t-il beaucoup de monde ? Évidemment, je n'irais pas m'asseoir entre deux personnes. Très souvent je reste debout, des fois de longues heures, feignant un intérêt sans bornes pour l'exercice des "cent pas". Il est affreux, ce choix n'est-ce pas ? Coincée entre les regards inquiets des gens qui espèrent que je n'irais pas me loger à côté d'eux et leurs regards empreint de pitié de me voir rester debout.
Je veux bien être entre le marteau et l'enclume si seulement on me promet que cela m'aplatira suffisamment pour me permettre de me cacher dans un petit trou.
Je n'irais jamais non plus aux toilettes de la salle d'attente. Souvent, cette pièce est trop petite pour être vraiment accessible.
Tous ces facteurs sont véritablement importants pour moi.
Mais l'expérience faisant son œuvre, j'ai appris à m'armer. Désormais, je monte lentement les escaliers, à mon rythme et plus comme si ma vie en dépendait, quitte à faire une pause. La peur de croiser quelqu'un qui me trouverait trop lente, trop large, trop pathétique se transforme petit à petit par un sentiment gratifiant .. Je fais ce qui est bon pour moi. Je fais ce qu'il faut malgré les jugements et je souhaite que cette personne, croisé dans l'escalier, en fasse de même pour elle.
Dans mon sac, j'ai toujours un mouchoir et une eau florale à l'odeur fraîche que j'affectionne particulièrement. Une odeur qui me fait du bien, me réconforte. Passée sur mon visage, je me sens mieux, rapidement.
J'ai aussi un livre, toujours passionnant qui me permet de m'extraire mentalement de mon environnement.
Puis enfin, ma botte secrète... Un éventail... En bois fin, joliment travaillé, m’empêche d’être dégoulinante et révèle au monde que je suis un peu fabuleuse.

Qui n'est pas fabuleux avec un éventail ?

Sibel.

Danseuse espagnole avec une mantille de dentelle (1873). Mary Cassatt

Commentaires

  1. J'aime beaucoup ce que vous écrivez même si dans la salle d'attente je m'assieds et que je vais aux toilettes ! J'ai décidé un jour que je pouvais le faire (bon j'ai déjà cassé 2 chaises... et me suis ramassée de façon peu élégante... mais je devais avoir l'air assez aimable pour que les rires s'étouffent vite)

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    1. Merci beaucoup pour votre commentaire ! C'est bien d'avoir au moins le cran de lancer un regard noir !Moi, j’essaie de me faire toute petite (ce qui est évidemment, un échec :p)

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