Vous connaissez Jean-blaireau ?

Parmi les personnes non-grosses, certaines se posent quelques questions sur notre sexualité.
Enfin disons plutôt qu’elles aiment s’imaginer notre absence de sexualité. Comme elles ne s'interrogent pas sur ce qui a constitué leurs critères de beauté et de désir, ils leur semblent évident que c'est la même chose pour tout le monde et donc, que tout humain "normalement" constitué a un frisson d'aversion irrépressible à chaque fois qu'il imagine les personnes grosses, handicapées, du même sexe, etc, avoir une relation sexuelle.
De plus, une surcharge pondérale alliée au fait d’être une femme semble constituer un combo efficace pour rendre les conversations polies perméable aux questions gênantes du premier sans-gêne venu (Vous savez, celui qui se dit être "trop vrai" et "trop franc" pour ne pas se comporter comme un pigeon qui viendrait déféquer sur votre jolie nappe toute belle ?) 
Chanceuses que nous sommes ! 
Je vous présente d'abord le boulet de salon, c'est peut être un ami de la famille, un oncle lointain ou encore le voisin qui s'est invité à votre crémaillère. 
Avec lui, toutes les questions sont permises, cela peut aller de : " Et ça va dans ton couple ? Ton/ta partenaire a toujours envie de toi ? " à " Sans vouloir me montrer indiscret, tu peux avoir plusieurs positions sexuelles ?"

1) Si vous ne souhaitez pas vous montrer indiscret, ne le soyez pas.
 Ne me remerciez pas pour l’astuce, j’aime rendre service.
Et non, l’argument : " mais je ne peux pas savoir comment la personne va prendre ma question ultra indiscrète et intrusive, ça dépends des gens, blablabla " n’est pas une excuse. 
Si les gens veulent vous parler d’eux, ils le feront. 
2) M’enfin Jean-blaireau, es-tu vraiment en train de me demander, le verre à la main tout en engloutissant un petit toast concombre/chèvre frais, si mes genoux supportent une levrette ?

Lorsque quelqu'un me questionne sur le désir de mon/ma partenaire à mon égard j’ai toujours envie de crier : "Hey roudoudou, y’a Jean-Blaireau qui voudrait savoir si je te suce suffisamment  bien, tu veux lui répondre  ? "
Je ne le fais pas pour deux raisons :

1) J’appréhende toujours les réactions des gens en face... Bah oui, Jean-blair’, la répartie, ce n’est pas ce qu’il préfère chez moi !
2) Personne ne mérite de se faire appeler roudoudou. Personne.

Ce que Jean-Blaireau aime chez moi, par contre, c’est sentir ma gêne et mon humiliation tout en matant mes seins, ça excite son petit troll interne.
Les raisons pour lesquelles il a adopté un troll plutôt qu’un Golden-retriever m’échappent complètement et même si elles m’intéressent, au moment où sa bestiole décérébrée s’attaque à moi, j’ai plus le réflexe de me protéger que celui de lui proposer une psychanalyse.

Celui qui m’effraie le plus, c’est le Jean-blaireau des rues. Celui qui se sert de mon poids pour justifier son harcèlement et qui devient agressif quand je refuse de bénéficier de sa B.A.S (Bonne Action Sexuelle) 
Être grosse ne me protège pas des allusions sexuelles qui parcourent nos ruelles… Être grosse me coince, encore et toujours entre le dégoût que mon corps inspire à certains et le désir non assumé des autres. Non seulement, on me propose tout un tas d’actes sexuels non consentis mais en plus je devrais me sentir flattée et dire merci en souriant au héros du jour qui à défaut de vouloir tailler le bout de gras avec moi, préférerait me le secouer.

La dernière proposition salace en date ne laisse pas de place au doute  : " T’as pas dû baiser depuis longtemps toi, je peux t’aider à perdre du poids de manière agréable si tu montes chez moi ."
Quand j’ai osé dire non, devinez quoi ? Je suis devenue une « sale travailleuse du sexe».
Je ne l’ai pas mal pris, les gens qui travaillent ne me dérange pas plus que les autres. Mais cela dit, passer d’une femme en pénurie de sexe à celle qui  enchaîne des fellations au tarif en vigueur en l'espace de quelques secondes me fait dire que Jean-blaireau a un don pour gonfler les femmes dans la rue et les C.V.

Bravo ! Que de talents pour un seul homme. 

Jean-blaireau si tu lis ces lignes et je sais que tu te reconnaîtras, éduques-toi. Il y a des livres, des gens sur internet qui expliquent tout ça très bien. Tu sais, ton espèce de lourd est en train de disparaître  et tu devrais commencer à penser à une reconversion. 
Pour ma part, la prochaine fois que tu me poseras ce genre de question stupide et malvenue, je répondrais, avec toute la force que m'ont donné des gens militants et concernés.

Tu es prévenu. Vivement la prochaine crémaillère. 

Sibel.

L'esprit des bêtes: zoologie passionnelle : mammifères de France
d'Alphonse Toussenel, 1853



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