La faim d'être en vie
J'ai faim.
Une vraie et belle faim.
Une faim ardente !
Une faim qui me donne envie d'attraper mon sac en bandoulière et de partir à la recherche d'un petit restaurant à la carte prometteuse.
J'ai envie de m’asseoir à une jolie table, de parcourir la carte et de choisir un plat fin, subtil, accompagné d'un verre de vin.
Le temps que le serveur vienne, je me plongerais dans ce recueil de poèmes délicieux que j'emmène partout.
J'entendrais les allées et venues des passants autour de moi et je me sentirais comme faisant partie de cette ville que j'aime tant.
Je manipule la lanière de mon sac en jouant avec cette idée deux minutes.
Et j'abandonne ce projet.
Vous savez pourquoi.
Vous savez que rien n'est adapté à mon corps.
Ni le mobilier de cette petite terrasse tant convoitée, ni les mentalités étroites qui croiseront mon chemin.
Vous savez que se rendre dans le seul endroit où je peux m'installer, ce n'est pas un vrai choix.
Vous savez que le plat cuisiné avec soin n'aura qu'un goût de cendre dès que la première insulte fusera.
J'ai le sentiment que je devrais braver tout ça, tout le temps.
Mais il y a des jours où l'idée même de voir une envie simple, vivante et spontanée se transformer en acte involontairement militant me décourage.
Un jour, mon envie sera plus grande que ma peur.
Un jour, la grossophobie ne me déliera plus de ce monde.
Un jour, on ne me rendra plus coupable des craintes que d'autres ont déposé en moi.
Un jour, je ne reposerai pas mon sac.
Et avec lui, un peu de ma liberté.
Sibel.
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